Histoire d'amour sur la base d'un truc que c'est pas moi qu'
est inventé
La Passion Du Cake
par Katzu
Un grondement sourd à peine rythmé par les pas de Monsieur X embrumait Code Yok. Celui-ci sourit, sans trop savoir pourquoi, à une vieille dame qu'il croisait. Il traversa le zoo, et bizarrement sourit au lion qui le regardait d'un oeil morne. Sans comprendre, il fut face à la porte.
Sans attendre, il sonna. Quelques secondes s'écoulèrent. Les tempes de Monsieur X battaient. Comme personne n'ouvrait, il sonna une nouvelle fois. Mais rien ne se passa. Il frappa, sonna, frappa, sonna encore et encore... puis il décida d'attendre.
Il attendit une heure. Puis deux. Au bout de trois heures, désespéré, il se leva, et après avoir sonné une dernière fois, tourna les talons et s'en alla. Mais à peine fut-il en route qu'un bruit de verrou attira son attention. Il fit volte-face, et aperçut Dulcinée sur le pas de la porte.
- Je... excuse-moi, dit-elle. Je suis désolée, je... je...
- Tu es si folle dingue, la coupa Monsieur X.
- Entre, ajouta Dulcinée.
Monsieur X la suivit jusqu'au salon.
- Assieds-toi, fit Dulcinée.
Il se laissa tomber dans un fauteuil et poussa un soupir d'aise. Puis il fixa Dulcinée. Celle-ci était debout près de lui. Lui tremblait d'émotion. Elle, ne disait rien. Il se leva, s'approcha d'elle.
- Dulcinée...
Elle détourna la tête.
- Dulcinée, répéta-t-il.
Alors elle le regarda. Au moment où leurs regards se croisaient, leurs lèvres se touchèrent.
- Euh... bredouilla Monsieur X.
Mais les mots ne venaient pas... alors Dulcinée passa sa main derrière la nuque de son ami, et l'embrassa. Cela dura une éternité. C'était la première fois qu'ils ressentaient une telle émotion, et ils ne s'arrêtaient plus.
Puis lorsque les premières étoiles scintillèrent dans leurs yeux épuisés, leurs lèvres se quittèrent. Comme deux plongeurs en apnée, ils reprirent leur souffle en même temps que leurs émotions. Après avoir repris ses esprits, Monsieur X lança:
- Tu sais, je...
- Chut... fit Dulcinée.
- Je...
- Il n'y a pas de mots...
- Si...
- Non...
- Si... je t'aime, Dulcinée.
Celle-ci fut prise d'un sanglot:
- C'est vrai? Oh... moi... moi aussi mon amour!
- Cela ne fait que quelques jours que nous nous sommes vus, et je voulais que tu saches que tu es mon premier amour. Le premier et le dernier.
- Il en est de même pour moi, mon chéri, déclara Dulcinée. Personne ne pourra remplacer ton si doux sourire. Tu es unique, grâce à plein de petites choses. Personne n'a ta démarche, Personne n'a tes cheveux. Personne n'imite aussi bien que toi le cri du furet. Personne ne connait l'histoire de Code Yok aussi bien que toi. Peronne n'aime autant le cake que toi et moi. Personne à part toi ne m'a jamais dit que j'étais sublime. Bref, personne à part toi ne mérite d'être dans mon coeur.
- Embrassons-nous encore... souffla Monsieur X.
Ils s'embrassèrent donc. Au loin, on entendait la musique d'un piano. D'où cela venait-il? Quelle importance, du moment que c'était là. Bientôt, la musique, l'amour, les entraînèrent dans un tourbillon sans fin. Il n'y avait plus de plafond, plus de mur. Code Yok était loin. Ils virent passer un grand pin, au dessous d'eux. Puis deux. Maintenant, ils étaient sur la mer. Ils frissonnèrent... était-ce le vent qui s'était levé et qui faisait frémir un peu leur peau? Quelques nuages voilèrent le ciel. A mesure que les notes s'envolaient, la musique devenait de plus en plus belle, et le ciel de plus en plus gris. On se serait cru dans un tableau de Salvador Dali. Des larmes de joie dans la voix, la musique jouait. Quelques gouttelettes de pluie vinrent alors troubler cet océan, tels des pizzicatos que le vent sifflant emportait au loin avant de les renvoyer à la figure des amoureux. Après quelques instants les gouttes grossirent, s'écrasant lourdement sur la surface de l'eau. Dulcinée, que la folie saisissait, se voyait succomber au milieu des éclairs... Plus la musique jouait plus le temps s'agitait, plus le ciel s'assombrissait, plus les vagues grandissaient, se brisant bientôt contre leurs pieds dans une explosion d'écume crépitante, poussées par des bourrasques assassines... leur baiser dansait sur cet air tourmenté, cet océan symphonique, cet opéra dramatique, les vagues étaient à présent immenses et la pluie tranchait le ciel plus sombre que la plus noire des nuits, c'était affreusement grand et terriblement beau, si beau que ça faisait mal, la musique hurlait sa douleur, de plus en plus fort, les notes tourbillonnaient, le vent devenait tornade, les vagues devenaient rouleaux, les amants tournoyaient, autour de leurs bouches, autour de leurs mains... et tout s'arrêta soudain.
- Je voudrais t'épouser, dit Monsieur X.
Dulcinée tressaillit.
- Pardon?
- Je t'aime. Je veux t'épouser. Veux-tu être ma femme, Dulcinée?...
Leurs lèvres tremblaient.
- Oui! Murmura-t-elle.
Ils discutèrent toute la nuit. Ils parlaient de tout, de rien.
- Tu sais, c'est drôle, dit Dulcinée, car hier matin, Pierre a tenté de me séduire.
- Non, c'est vrai?
- Oui, et comme je lui disais que c'était toi, l'amour de ma vie, il m'a répondu que je perdais mon temps et que je serais bien plus heureuse avec lui.
- Ça ne m'étonne pas de lui, il a toujours essayé de gâcher ma vie privée.
- Heureusement je lui ai dit ceci: ''Le jour où tu seras un tant soit peu civilisé, mon petit bonhomme, tu apprendras que mon Monsieur X est plus d'une beauté inoui que n'importe qui. Et tu ne lui arrives pas à la cheville.''
Dans un sourire, un souffle, un battement de cils, ils se dirent ''je t'aime''. Ce sourire brille encore au fin fond des étoiles... ce souffle chante encore dans les hautes couches de l'atmosphère... ce battement de cils scintille toujours quelque part. Ils s'aiment.
FIN